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Le blog du blackbird
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  • Un peu de tout ! De l'autobiographie, et quelques pistes philosophiques et religieuses à l'adresse des jeunes et moins jeunes, tant il est vrai que cette jeunesse a été le bonheur permanent et inaltérable de ma vie de prof, maintenant à la retraite.
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6 avril 2016

Retour vers l'Eternité - 4/6 - La souffrance

 

 

Une découverte aux dimensions insoupçonnées : La souffrance !

                    Les centres de rééducation ? On n'imagine ni leur nombre (des centaines), ni le calvaire de ceux qui ne peuvent y échapper (des milliers), ni le "travail" merveilleux que leurs équipes font en permanence. C'est un autre monde. Que j'ai découvert en retrouvant peu à peu mes forces physiques et mon énergie mentale au Centre Etienne Clémentel d'Enval, commune de Chatel-Guyon, dans le Puy-de-Dôme.

          J'y disposais d'une chambre individuelle équipée de rails de transfert installés au plafond, et d'un fauteuil roulant manuel. C'est aussi un ensemble de bâtiments au milieu d'un très grand parc naturel, au sein d'une nature extrêmement calme, avec de grands arbres et des allées goudronnées, et où il y a même un petit enclos où l'on peut voir parfois - et nourrir s'ils veulent bien se montrer - des cerfs et des biches ! Au fil des jours, et des mois, on abandonna peu à peu mes transferts par rails pour les effectuer dans un fauteuil roulant, dans un premier temps poussé par des aides-soignants, dans un deuxième temps manoeuvré par moi-même, pour aller dans les différents services de rééducation pour une séance le matin et pour une autre l'après-midi.

          Car le bloc technique comprend ici de nombreuses salles de rééducation, dont certaines spécialisées pour les patients neurologiques, une salle de travail gymnique et une piscine avec deux hauteurs d'eau permettant une mise en charge progressive de la natation. Les changements d'étages et de niveaux se font par des ascenseurs adaptés, ou des plans inclinés. C'était le cas par exemple pour la chapelle où l'on pouvait, chaque jeudi à 16h30, assister à la célébration d'une messe sous l'égide d'un prêtre et de volontaires appartenant à la paroisse de Riom. Un moment d'importance pour ceux qui sont croyants.

        Dans ces salles de rééducation, aux appareillages très divers et sous le contrôle de nombreux kinés, on fait des exercices multiples adaptés à sa progression. On passe de l'étendu au debout avec appuis divers, puis à la marche sans appui, sur des distances de plus en plus longues. On découvre autour de soi toutes sortes de handicaps et de poly traumatismes, d'amputations et de prothèses. Tous les cas de figure sont possibles et c'est là qu'on ne peut manquer de se poser de vraies questions sur le monde de la souffrance. Car les mots quotidiens ne sont plus lever en forme, vie en famille, vacances ou séjours à l'étranger, bal du samedi soir, promenades en montagne ou au bord de la mer, occupations et métiers habituels ... etc. Ils sont hémiplégie, paraplégie, tétraplégie, prothèses diverses, fractures ... Et là, si vous n'êtes pas croyant, comment ne pas se révolter devant cette "putain d'existence" ? Et si vous êtes croyant, comme moi, comment ne pas se demander : pourquoi, Seigneur, pourquoi autant de souffrances ?

          Le réponse est loin d'être simple ! 

          L'idée même de souffrance révulse. On ne peut pas la comprendre avec son simple petit cerveau, tout simplement parce qu'elle fait mal, et que le mal, la douleur, les handicaps ne peuvent pas dans un premier temps nous ouvrir une voie positive. Et là, qu'on le veuille ou non, il y a deux visions radicalement différentes, celle du croyant et celle du non croyant. Je commencerai par cette dernière, en soulignant, de façon claire, que pour moi chaque être a une valeur considérable et j'ai pour lui le plus grand respect, même s'il m'envoie à la figure que "ma religion c'est de la connerie pure et simple". Soit. Il n'a donc plus qu'à trainer sa pauvre "vie" jusqu"au moment où, pour des raisons diverses, elle s'arrêtera. Il sombrera alors dans le néant, où il n'existera plus, et n'aura même plus conscience ni souvenir d'avoir existé. Sa famille se souviendra de lui avec tendresse et affection, et lui il ne se souviendra de rien du tout puisqu'il aura disparu de partout. C'est quand même assez effrayant quelque part ce passage dans le néant ! Et peut-être alors peut-on raisonner simplement, en se disant que même en souffrant, il vaut mieux vivre que de ne plus exister.

          Pour un croyant, deux grandes voies peuvent s'offrir, diamétralement opposées quant aux attitudes en face d'une grande souffrance. Soit on peut perdre la Foi. Soit on peut valoriser sa soufrance à un tel point qu'elle vous ouvre, et ouvre à beaucoup d'autres, les portes du Paradis. Et ce n'est pas autre chose que le mystère permanent qui n'est pas à notre portée ici-bas mais que nous réitérons quand nous disons notre "Credo" à la messe, la "Communion des Saints".

          Sur le premier point, comment ne pas comprendre que qu'il puisse y avoir un abandon de la foi en des occasions épouvantables ! ... la perte d'un enfant, par exemple, ou la "perte de santé" d'un être cher dans une circonstance brutale ! Dans ces moments qui vous tombent sur la tête et vous privent de tout ce que vous trouviez magnifique jusqu'alors, bien loin de vos certitudes les plus belles ! Pour toutes les personnes qui ont "perdu" la foi dans de pareilles circonstances, je suis sûr que quelque part au fond d'elles-mêmes Dieu ne les a pas pour autant quittées et qu'elles pourront Le retrouver facilement lors de leur passage dans l'autre monde, dès lors qu'elles en reconnaîtront, en présence du Juge Eternel, le regret de L'avoir un moment laissé tomber.

                    Quant à la seconde voie, elle est d'une telle dimension qu'elle a été, au cours des siècles, souvent acceptée, voire réclamée par des gens qui ont voulu, ni plus ni moins, aider le Christ, présent en chacun de nous, à porter sa Croix de Rédempteur. Et çà, c'est du positif qui est déjà une présence dans la lumière de l'Au-delà. Quand on prend connaissance, dans des revues sérieuses, de la vie de beaucoup d'individus à travers tous les siècles - et non pas seulement des saints "officiels" car nous faisons tous partis de la communion des saints - on ne peut s'empêcher de constater que beaucoup d'hommes et de femmes ont demandé, ou accepté, de porter une sorte de croix à seule fin de la rédemption, de la salvation, des âmes de tous ceux qui ne croient pas en Dieu. C'est fascinant. Le summum de l'offrande, quelque soit le degré de la souffrance et du handicap, est alors de pouvoir dire, avec un coeur et un désir sincères, "Seigneur, je t'offre ce calvaire pour tous ceux qui souffrent encore plus que moi, pour tous ceux qui ne croient pas en Toi et à qui ton Fils sur sa Croix a déjà pardonné car ils ne savaient pas ce qu'ils faisaient.". Là, si Dieu existe, tout est dit. Rien ne peut être plus haut, rien ne peut être plus beau. Sous cet angle, que je reconnais bien volontiers difficile à concevoir, les souffrants deviennent des privilégiés et non plus de pauvres "moins que rien" ! Ils font partie dès ici-bas de ceux que l'Eternel reconnaîtra pour siens.

          Pour conclure, je voudrais dire tout simplement à tous ceux qui souffrent dans leur chair, dans leur coeur, dans leur âme, chez eux ou dans un hôpital, de ne jamais se laisser abattre et perdre espoir (plus facile à dire qu'à vivre !) Ils ont aussi des moments de joie (je pense ici à ce grand jeune homme muet dans sa machine qui le tenait debout, qui tendait la main droite à tous ceux qui passaient dans le même couloir, et qui souriait de bonheur quand on la lui serrait).

          Et comment ne pas penser aussi à tous ces merveilleux "soignants" qui les entourent de leur qualification, de leur patience et de leur tendresse ! Comme ils savant donner espoir, ne serait-ce que par leur sourire ! Que Dieu les bénisse et les garde à jamais, car ils font aussi partie de son Royaume.

 

 

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