Les 33 tours de mon âme

Les  33 tours  de mon âme

          Alors que les 45 tours étaient le plus souvent de la variété pure, mode d'un moment qui pouvait être très fugitif, les 33 tours avaient, avec le recul, une tout autre dimension.

          Certes, j'avais dans cette dimension tous les grands chanteurs de l'époque qui étaient mes préférés, ce qui permettait de rassembler en moins de disques beaucoup plus de titres. C'était le cas, entre autres, pour le grand Jacques ... et pour beaucoup d'autres !

          Mais ces 33 tours avaient une dimension bien supérieure à la variété de l'époque, fût-elle d'une qualité inégalée aujourd'hui, au moins dans les textes.

          Cette dimension était d'abord celle de la musique classique qui, profane ou religieuse, vous transporte l'âme dans des sphères non dimensionnées ici-bas, celle que vous écoutez les yeux fermés, allongé sur un lit, et qui vous fait pénétrer dans un imaginaire auquel vous seul pouvez donner vie par l'intermédiaire magique du compositeur et de ses interprètes.

          Les 33 tours, c'étaient aussi le format des grands orchestres qu'aucun autre grand orchestre n'égale plus aujourd'hui. Et là, que de souvenirs merveilleux, avec des interprétations magistrales qui donnaient vie, successivement ou simultanément, à chaque type d'instrument. Je les écoutais en imaginant que c'était moi qui les dirigeais ! Quelle prétention !... et quel bonheur ! Je les ai copiés sur cassettes et ils continuent de me régaler dans ma voiture : mes compagnons de route continuent, avec la même maestria, d'enchanter mes oreilles. Ils ont nom Franck POURCEL, CARAVELLI, Paul MAURIAT, Bert KEAMPFERT, Ray CONNIFF, Georges JOUVIN, James LAST, Helmut ZACHARIAS...etc. Aujourd'hui, ce type d'orchestre n'existe plus, qui serait sans doute trop lourd à rentabiliser, et qui ne correspond sans doute plus aux goûts très médiocres de notre époque. En ce temps-là, tous les instruments prenaient la parole, s'exprimaient, se faisaient entendre et respecter. Aujourd'hui, même dans les orchestres d'une certaine taille, on trouve une expression instrumentale sans vraie vivacité, sans originalité de jeu. Hélas ! Merci à tous ces grands chefs d'orchestre qui ont nourri nos coeurs, - et le mien en particulier -  de tants de merveilleuses mélodies!

          Les 33 tours, c'étaient également beaucoup de bandes originales de films...

... beaucoup d'opérettes et de comédies musicales...

... beaucoup de musiques, d'Italie, d'Espagne ou d'ailleurs...

... et aussi beaucoup d'accordéon et de musette.

Avec cet instrument, que de moments de bonheur également ! Né à Paris de rencontres entre les Italiens accordéonistes et des Provinciaux français joueurs de cabrette, le musette est sorti très rapidement de la Rue de Lappe et du Bal à Jo pour envahir toute la France. C'était l'instrument de la fête populaire, de la joie sans faconde, du folklore de son terroir, du bonheur incommensurable de se laisser entraîner dans une valse, un cha-cha, un paso-doble,... ou de serrer contre soi dans un tango ou un slow très "frotté" l'amour caché de son coeur. Aujourd'hui, on ne danse plus, on gigote de tous les côtés, à deux mètres les uns des autres ! Finie l'esthétique, finie l'harmonie... finie la beauté !

Allez, deux ou trois extraits de pochettes de plus... pour terminer.