1er NOVEMBRE : de la sainteté...

1er NOVEMBRE : de la sainteté...

Le 1er NOVEMBRE, c'est, pour tous les Français, croyants ou non, la fête de la TOUSSAINT, ce qui donne au moins un jour de congé. Beaucoup plus si on est "dans l'enseignement", d'un côté ou l'autre de la barrière ! Pour les chrétiens, c'est d'abord la fête de TOUS LES SAINTS, et c'est cette notion de sainteté qui sera l'objet de ma réflexion d'aujourd'hui. Car n'est-ce pas une expression que l'on entend de temps en temps, à propos de quelqu'un - pas nécessairement croyant! - qui montre d'évidentes qualités humaines ? C'est donc bien que c'est là, quelque part, une vraie référence ! Bien sûr, il y a les plus connus, les grandes "stars" (qu'ils veuillent bien me pardonner ce qualificatif si empreint d'artificiel et de vide d'ici-bas), ceux dont les statues matérialisent la présence en divers endroits et qui protègent sans aucun doute d'une manière toute particulière ceux qui portent leur nom. Il y en a de moins connus, que l'on peut découvrir chaque jour au fil de l'année dans les éphémérides qui les mentionnent (attention aux contrefaçons modernes !), et il y a aussi tous ceux de notre époque, dont personne ne parle jamais... et qui ne se doutent même pas qu'ils en sont !

Les GRANDS...

          .... disons les OFFICIELS. Ils sont tous très connus, au moins par leur nom, car de nombreux édifices religieux le portent, ainsi que bien des écoles, des hôpitaux ou des maisons de retraite. Leur famille va des premiers apôtres et martyrs du christianisme, tels St PIERRE ou les jeunes ATILIE et PHILOMENE, à Ste THERESE de LISIEUX (ci-contre à gauche) ou à St VINCENT de PAUL (ci-après). Beaucoup sont morts pour leur foi, qu'ils n'ont jamais reniée quel que fût leur âge - et ce tout au long des siècles - , d'autres sont partis plus paisiblement, mais toujours après un service apostolique extraordinaire. Quand on regarde un peu la vie des saints au cours des différentes époques, deux évidences sont absolument frappantes : la première, c'est que, même si certains ont d'abord été des théologiens de haute volée, ce pourquoi ils ont été canonisés et déclarés "Docteurs de l'Eglise", ils ont quasiment tous fait le sacrifice de leur vie au service des pauvres, des orphelins, des défavorisés, et ce depuis les premiers siècles. La seconde, alors que l'on pense généralement que l'Eglise est plutôt misogyne, on s'aperçoit que dans la réalité de son histoire et de son évolution, les femmes y ont toujours occupé une place prépondérante, essentielle, même si cela ne s'est pas fait au même niveau que les hommes. Elles ont autant souffert, autant versé de sang que leurs frères en Christ masculins ! Un exemple proche de nous : MARIE de la PASSION, née Helène de Chappotin en 1839 près de Nantes, fondatrice des Soeurs Franciscaines Missionnaires de Marie, morte à San Remo en Italie le 15 novembre 1904, laissant environ trois mille religieuses réparties en quatre-vingt-six fondations sur tous les continents. En 1900, toute sa mission avait été massacrée en Chine, à Tai-Yuan-Fou ! Encore plus récemment, comment ne pas penser aux moines de Tibérine égorgés en Algérie il y a seulement quelques années, alors qu'ils y soignaient tout le monde sans discrimination... et après avoir pardonné d'avance à leurs assassins ! C'est ça, les disciples du Christ ! De la bonté toujours, de la haine jamais ! Ici, la vengeance et la loi du Talion n'ont pas droit de cité.

... en communion parfaite avec nous tous

car la sainteté n'est pas réservée qu'à quelques élites !

C'est la notion même de "COMMUNION des SAINTS" !

          C'est là une notion à la fois simple et complexe, qui échappe à nos concepts mathématiques humains mais dont la logique, au bout du compte, nous rend tous responsables de ce qui se passe dans le monde. Dans une vision des choses non spécialiste théologiquement parlant, l'univers est constitué à la fois de forces que je dirai "positives", et d'autres que je dirai "négatives" - forces du bien et forces du mal pour simplifier. Chaque individu, du plus anonyme au plus célèbre, du plus pauvre au plus riche, fait partie intégrante de cette immense masse d'énergies et y a une influence, même s'il n'y croit pas ou n'en a pas véritablement conscience. Dès lors chacun d'entre nous est partie prenante d'une parcelle de cette communion des saints. Un peu comme dans le vitrail ci à droite pris dans l'église de Riom-es-Montagnes, chacun apporte sa petite touche de couleur personnelle à une oeuvre qu'affine l'Esprit Saint dans la direction qu'il veut. L'important, me semble-t-il, c'est que la pierre que nous apportons à cette belle construction soit essentiellement une pierre d'amour : la sainteté du commun des mortels n'est pas un mysticisme exceptionnel ou la grâce du martyr, mais tout simplement, et inlassablement, un comportement d'amour envers les autres. Dans ce domaine, il y a foule... cette foule discrète qui ne fait pas la Une des médias.

          Saint l'artisan qui fait son métier avec sérieux et conscience professionnelle pour celui qui le fait travailler. Saint le facteur qui, au siècle dernier, faisait chaque jour des kilomètres à pied, par tous les temps, pour porter une lettre dans une ferme éloignée. Saints ces carillonneurs qui grimpaient au clocher de leur village, trois fois par jour et tous les jours, pour sonner les Angelus du Bon Dieu. Saints les mineurs qui descendaient dans la nuit du sous-sol du Nord ou d'ailleurs pour subvenir aux besoins de leur famille. Saints les soldats qui ont eu le courage de se battre pour la défense de leur patrie, nous permettant aujourd'hui d'être libres. Saints celles et ceux qui, en périodes d'horreurs divers, ont su préserver des espaces d'humanisme et d'humanité. Saints les agents des services spéciaux, véritables héros de l'ombre, qui ont le courage d'infiltrer les réseaux internationaux de voyous et de terroristes, en des actions obscures et efficaces que le "vulgum pecus" ne connaîtra jamais. Saints celles et ceux dont le coeur est sans cesse tourné vers les plus malheureux, des bénévoles des Restos du Coeur aux aides-soignantes des maisons de retraite, en passant par toutes celles et ceux qui entourent, au prix de tant de fatigue nerveuse et de patience, les handicapés physiques et mentaux. Saints aussi ceux qui, du milieu de leur détresse, de leur désespoir, de leur pauvreté, sont capables d'offrir leur propre souffrance ... pour encore plus malheureux qu'eux ! On n'en finirait pas de citer tous ces saints aux regards chaleureux et aux sourires réconfortants.

Saints, en somme, toutes celles et ceux qui, dans la noirceur de plus en plus étendue de notre monde actuel - où il y a tant de laissés pour compte (bancaire!) - apportent, dans leur petit espace personnel, un peu de couleur, un peu de lumière, suffisantes pour réchauffer par-ci par-là les plus en détresse. Car ce sont les petites teintes variées qui font les plus beaux paysages, et les petites étincelles qui finissent par faire les plus beaux feux de joie !

C'est cette communion-là, positive, qui peut transformer le monde.