Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le blog du blackbird
Le blog du blackbird
  • Un peu de tout ! De l'autobiographie, et quelques pistes philosophiques et religieuses à l'adresse des jeunes et moins jeunes, tant il est vrai que cette jeunesse a été le bonheur permanent et inaltérable de ma vie de prof, maintenant à la retraite.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Le blog du blackbird
Archives
Derniers commentaires
25 mars 2006

Après le suicide du petit Nicolas

De la fragilité de l'être

Ce tragique évènement, - tragique pour sa maman, sans aucun doute, et pour toute sa famille, mais, je le crois, non tragique pour lui - a entraîné un certain nombre de réactions, tant des élèves - pour certains si bouleversés qu'ils ont du se confier aux cellules d'écoute psychologique mises en place dans le collège - que des adultes de l'établissement ou extérieurs à lui, et me conduisent à quelques réflexions.

Les cellules psychologiques

         

        2006_05_08___flore_de_printemps_v31                                                             Voilà, depuis quelques années, que l'on en met en place à chaque événement douloureux (accident de la route, crash aérien, explosion de quartier, attentat terroriste...etc.). C'est une vraie mode ! Je n'en discute pas une certaine utilité, mais ça prouve quand même que notre société moderne, si sophistiquée dans les domaines techniques, a fait de l'homme un être d'une étonnante fragilité, dont le psychisme n'est pas plus solide qu'un château de sable sur la plage ! Que l'on ait mis en place, pour nos élèves du collège, de telles équipes après le décès de Nicolas, était tout à fait normal pour permettre de soulager les coeurs et écouter tout ce qui pouvait s'en exprimer au sens étymologique du terme. Mais qu'il fût nécessaire d'en prévoir une - comme c'est réglementaire - pour les professeurs, là, j'avoue que ça m'a sidéré ! Ceux que l'on appelle parfois les maîtres, ne devraient-ils pas être assez solides pour pouvoir gérer le problème eux-mêmes avec leurs élèves ? Faut-il vraiment un spécialiste patenté de l'écoute pour pouvoir écouter un enfant, entendre sa détresse, et lui parler avec son coeur ? Mais peut-être faut-il aussi qu'à côté de connaissances disciplinaires l'on puisse disposer en tant qu'individu propre de certitudes fermes et de valeurs solides ! Ce qui est est regrettable, c'est qu'une cellule de ce type, dans les écoles laïques tout au moins, ne permette pas de répondre correctement aux questionnements que se posent les enfants sur le problème de la mort. Devant la mort, une seule question se pose, à tous les âges,- que l'on soit jeune ado ou vieille rombière - quelle que soit l'éducation que l'on puisse avoir, ou  avoir reçue,  : y a-t-il quelque chose derrière ? Et là, on retombe inévitablement sur le problème de Dieu, auquel on peut donner la réponse que l'on veut, mais qu'on ne peut ni éliminer, ni contourner ! Et Dieu sait si ce problème donne de l'urticaire à bien des laïques anticléricaux qui, par définition, sont incapables de l'aborder sans faire des crises de tétanie, leur incompétence sur le sujet n'ayant d'égale que leur haine de la religion, cet "opium du peuple" si souvent décrié ! Et pourtant, ce n'est pas difficile d'avoir sur ce problème, comme sur n'importe lequel, des réponses vraiment laïques, c'est-à-dire respectueuses de toutes les écoles de pensée. A un enfant, ou à un adolescent, qui vous pose des questions directes, personnelles, les yeux dans les yeux - et ça arrive parfois - il faut dire sa vérité, sans faux-fuyants, en prenant soin de relativiser ses propres certitudes à soi et de l'inciter à s'en remettre d'abord à ce que lui enseignent ses parents. Il ne faut jamais tricher avec les interrogations d'un enfant, car il a besoin de différents repères pour se construire. Et puis, quand on triche avec eux, ils le sentent à plein nez ! Ce qui est sûr, c'est que, au niveau des adultes, si on a des amis dignes de ce nom et des valeurs fortes, on n'a nul besoin de quelque cellule psychologique que ce soit, même dans les moments les plus tragiques ! Malheureusement, aujourd'hui, que de personnes abandonnées et en terrible solitude !

La souffrance des enfants

la_prade___2006_05_13___d_bris_sur_barbel_s2

          Bien souvent elle ne se voit pas, et pourtant, qu'elle est bien réelle ! C'est d'ailleurs valable aussi pour les grands, exactement de la même façon, sauf que les petits coeurs sont bien plus "déchirables" que ceux, plus blindés (apparemment ?) de leurs aïnés. Il y a à cela plusieurs raisons. L'éclatement des familles d'abord. Ce n'est pas un jugement de valeur, c'est un constat. Les situations familiales sont aujourd'hui multiples, et on nous parle le plus naturellement du monde de familles "recomposées". Certes, mais avant qu'elles ne soient recomposées, elles sont d'abord décomposées, et tellement décomposées que ce sont les enfants qui en font le plus souvent les frais ! Je me souviens d'un titre de film qui était, je crois, "Chic, mes parents divorcent". C'est si marrant que ça, pour un enfant, de voir ces parents se séparer ? Des clopinettes, oui ! C'est d'abord un véritable déchirement intérieur et des interrogations à vous rendre malade à longueur de journées ! J'ai eu trop de confidences sur ce sujet dans ma carrière pour ne pas être absolument catégorique sur ce sujet ! Sauf pour de très rares cas dans des situations très en dehors de la normale, quand les famillent éclatent, les enfants le prennent en plein dans la gueule, en plein dans le coeur, et ne "s'éclatent" pas du tout !

          Et puis il ya une autre souffrance, absolument terrible pour les enfants, celle des moqueries et des injures. On est sidéré parfois par la méchanceté de certains propos ou de certaines attitudes des uns envers les autres ! Nicolas a surement été, en partie au moins, victime de telles attitudes. Sa personne, pour des raisons diverses, et son nom aussi, se prêtaient à un certain nombre de plaisanteries. N'avons-nous pas trouvé avec Sophie, cette inscription sur une chaise, gravée sans doute à la pointe de compas depuis des lustres :"Gay = PD" ? Est-ce qu'on se rend bien compte de la façon dont on pu être générés de tels propos : si quelqu'un a pu écrire ça, c'est la conséquence inévitable de la permissivité de notre société moderne. Que tous ceux qui veulent légaliser l'adoption des enfants par les couples homosexuels - ce qui n'est pas mon cas, nonobstant le respect absolu que j'ai pour les homosexuels et leurs capacités d'amour et de tendresse à distribuer - veuillent bien réflechir (un point parmi d'autres) à toutes les cibles de moqueries que seront ces enfants à l'école et en dehors de l'école !

        2006_05_14___branche_feuillue_au_soleil_levant  Parmi les très nombreux élèves qui sont venus au CDI lire le texte d'hommage et s'exprimer sur le sujet, le plus émouvant pour moi a sans doute été cette reflexion, douce, presque pour elle-même d'une petite élève de 6ème : "Eh bien maintenant au moins, personne ne se moquera plus de lui." C'est donc qu'on se moquait de lui... et cela, bien avant son arrivée au collège. Et c'est comme ça, parfois, avec les coeurs purs : quand ils sont fatigués de saigner à longueur de réflexions plus ou moins bêtes, plus ou moins méchantes, ils s'embarquent pour un monde qui, de toute façon, leur sera plus paisible. Une seule leçon à tirer : ne jamais se moquer de quelqu'un, ne jamais envoyer de ces "vannes" qui font parfois rire les copains les plus bêtes, mais qui toujours transpercent douloureusement les coeurs les plus fragiles et les plus sensibles. Il y a des moqueries (et des attitudes) qui sont sympathiques, dites avec humour et tendresse, il y en a d'autres qui sont méchantes et destructrices, et au CDI, cette dernière catégorie, je ne la laisserai jamais passer sans sanction.

Rumeurs et jugements sans savoir

chemin___2005_02.v2

          Mon assistante et moi avons tout entendu sur les circonstances de la mort de Nicolas. Des psychologues de notre entourage ont également été sidérées par les propos de certains adultes ou parents d'autres élèves sur les circonstances du drame, ou tel coupable, ou tel responsable...etc. Peu importent les propos, qui s'amplifient toujours de rumeurs en rumeurs. Je voudrais simplement souligner comme il est grave et mensonger de colporter n'importe quoi n'importe comment. On n'imagine pas les dégats que l'on peut faire à calomnier quelqu'un ! Faut-il rappeler la récente affaire d'Outreau et les irréparables destructions qu'elle a faites chez les accusés ? Faut-il rappeler combien de collègues enseignants se sont suicidés après avoir été faussement accusés de pédophilie ? Sait-on qu'aujourd'hui ces accusations sont souvent utilisées dans les couples qui se séparent pour dénigrer l'autre et lui arracher judiciairement la garde des enfants ? Chaque fois que l'on accuse quelqu'un faussement de quelque chose de grave, on n'est pas autre chose qu'un minable salopard, une ordure, un assassin en puissance ! C'est aussi un des dix commandements donnés à Moïse par Dieu sur le mont Sinaï : "Tu ne porteras pas de faux témoignage" ! Alors, ne calomnions jamais, et, si l'on ne sait pas, ayons le respect et l'honnêteté de nous taire !

Publicité
Publicité
Commentaires
C
bonjour monsieur Merle, tout d'abord je m'excuse pour mon retard, je souhaitais vous faire part d'un commentaire depuis notre dernière visite mais j'avais perdu cette adresse.<br /> Ensuite bravo pour votre blog, a la hauteur de votre esprit, et vous méritez bien votre retraite. Alors bonne retraites a vous, et au revoir :).
Publicité