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Le blog du blackbird
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  • Un peu de tout ! De l'autobiographie, et quelques pistes philosophiques et religieuses à l'adresse des jeunes et moins jeunes, tant il est vrai que cette jeunesse a été le bonheur permanent et inaltérable de ma vie de prof, maintenant à la retraite.
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28 avril 2006

Le Petit SEM : une vénérable institution

Le Petit SEM : une vénérable institution

1963___petit_sem___vue_g_n_rale1

Cette photo date de 1963, dernière année de mon séjour de sept ans entre ses vénérables murs. Sans doute est-elle de moi, mais les suivantes seront de Bernard DOUSTEYSSIER, ici en premier plan sur le mur des Allées. Les années passées au petit séminaire de Saint-Flour ont été pour moi essentielles, fondamentales, et ont constitué la base solide sur laquelle a pu se bâtir ensuite toute mon existence. C'est là que m'ont été transmises, patiemment et fermement, les valeurs humaines que j'ai à mon tour essayé de transmettre ensuite dans mon métier (sacerdoce ?) d'enseignant, le seul souhait que je formulerai aujourd'hui à cet égard étant de m'être montré le plus possible dans ma carrière de professeur digne de ceux qui à cette époque furent pour moi des maîtres... magnifiques !

Institution de la Présentation de Marie : tel est le nom officiel de cet établissement qui se détache dominant le rocher sur lequel est accrochée la partie haute de Saint-Flour. Il date du début du XIXème siècle. Je retiendrai simplement que ce pensionnat ecclésiastique fut dirigé de 1827 à 1832 par Jean-Gabriel PERBOYRE. Ca ne vous dit rien ? Normal ! Pourtant aucun de ceux qui sont passés régulièrement dans la chapelle n'ont pu oublier la statue de ce missionnaire agonisant sur sa croix de souffrance qui surplombait le petit autel à droite de l'allée centrale (cf. photo ci-dessous, extraite de "Paroles d'anciens élèves"). Car ce premier Supérieur du Petit Sem mourut torturé en Chine interdite, crucifié après maintes épreuves, sans jamais renier sa foi ni céder à la tentation de livrer d'autres missionnaires pour s'épargner de dures souffrances.

1912___chapelle_du_petit_sem2Professeur de théologie dogmatique à Saint-Flour, il avait été nommé en septembre 1832 à la direction du noviciat des Lazaristes de Paris. Parti en Chine comme missionnaire en février 1835, après cinq mois de voyage, il arrivait à Macao et, après avoir appris le chinois, partait en mission au Honan, secteur très pauvre qui comptait de nombreux chrétiens. Alors qu'une certaine tolérance envers eux règne dans l'empire chinois, le vice roi décide brutalement une persécution. Notre jeune missionnaire est arrêté dans les locaux de la mission le 15 septembre 1839, puis traîné de tribunal en tribunal et subit les pires tortures avant d'être finalement condamné à mort et étranglé, attaché à un poteau en forme de croix, avec une corde qui lui serrera la gorge par trois fois. Le 11 septembre 1840, à l'âge de 38 ans. Peu de gens savent aujourd'hui qu'une grande croix lumineuse apparut alors dans le ciel et fut visible des lieux les plus éloignés. Ainsi imita-t-il le Christ jusque dans sa mort, après l'avoir imité tout au long de sa propre vie ! Béatifié par Léon XIII le 10 novembre 1889, il a été canonisé par Jean-Paul II le 2 juin 1996.

J'ai retrouvé dans l'ouvrage publié par l'Association des Anciens Elèves de l'Institution de la Présentation, "Paroles d'Anciens Elèves", en 2004, un poème anonyme écrit sans doute par un ancien entre 1855 et 1862. Il révèle, dans le style grandiloquent de l'époque, toute la qualité de l'enseignement rhétorique au Petit Séminaire au milieu du XiXème siècle, qualité qui sera toujours la "marque de fabrique" de la Présentation, de sa solidité, de son intemporalité tant il est vrai que, ancrée dans le basalte le plus solide, elle a su résister aux vicissitudes du temps, sous la direction de tant de bons pères... sur lesquels je reviendrai. Qu'il me soit permis d'en retranscrire les quatre premiers vers :

Qui l'a placé, là-haut, ce Petit-Séminaire,

Sur ce roc élevé, comme l'aigle sur son aire ?

Qui donc sur le granit posa ses fondements ?

C'est le Christ qui le fit pour braver les autans.

1963_03_29___sur_la_route_de_sept_fons

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Commentaires
D
le peti sem=l'horreur puis leur générosié e le succés
T
Cher Merlesiffleur, <br /> <br /> ............................................oui et plus triste encore.......................
L
Mon cher Merlesiffleur,<br /> sache que c'est toujours un bonheur pour moi de lire un ancien du Sem ! Merci donc, sincèrement, pour ton commentaire. Il est évident que nous ne pouvons pas tous apprécier ces années de la même façon. Pour avoir pu discuter avec beaucoup d'anciens, il en est beaucoup qui ont gardé comme toi de cette époque un certain nombre... et même un nombre certain... de points noirs comme tu les soulignes toi-même, et dont je suis preneur aussi pour une bonne part d'entre eux. Mais il est vrai que mon caractère me porte plutôt à ne garder présent du passé que le positif et à pardonner facilement tout ce qu'il y a pu y avoir de plus sombre, ce qui n'est pas du tout, crois-moi, une non conscience d'une réalité qui fut, elle aussi. Mais n'est-ce pas le propre de tout individu d'avoir en lui du noir et de la lumière : j'évacue le noir, et j'essaie de garder la lumière. J'ai retrouvé dans ton texte, avec un vrai régal, beaucoup de spécificités de certaines figures que nous avons connues ! Et pour ce qui est de Berthier, même si j'ai préféré le voir en militaire, je reconnais que je connaissais l'histoire des grands pieds... et il est vrai que ses chaussures noires étaient de belles dimensions !<br /> Ainsi donc, à l'instar de Jean Valjean, ton passage au bagne aura fait de toi un personnage avec une grande envergure généreuse et altruiste. C'est déjà positif, ça ! Tu cites la Grande Kabylie, j'imagine donc que tu as rencontré ouvent des personnages de qualité, tant il est vrai que dans tout homme, même le plus "petit", il y a une telle richesse ! Chacun peut être capable du pire... comme du meilleur... c'est simplement à lui de choisir ! Et il ne fait pas de doute que la merde (pour reprendre ton expression) dans laquelle on a pu baigner a été utile à notre formation et croissance, tout comme le fumier dans les prés est générateur des plus belles fleurs ! Seul Dieu peut dire la finalité des choses vécues.<br /> Il n'est pas impossible que j'aie la grâce, en fin de ma vie qui approche, de pouvoir servir à mon tour cette vieille boutique aux articles si divers, dès que j'aurai fini (et non renouvelé) mon mandat actuel de maire. Mais ça, c'est une autre histoire. En attendant, mon vieux Merlesiffleur, je te souhaite du fond du coeur, à toi et à toute ta famille, tout le bonheur possible.<br /> Si un jour tu passes par Marcenat, sache que tu seras toujours le bienvenu. Qui donc se cache derrière ce pseudonyme ? ... Peu importe, Dieu le sait, et je te garde désormais dans mes prières.<br /> Cher Don Quichotte, tu connais mon mail puisque tu as dû recvoir ce texte hier matin, le 21 novembre, jour de la fête de la Présentation de Marie ! Pour un hasard .... <br /> Je te salue fraternellement.
M
Mes souvenirs de la vénérable Institution de La Présentation de Marie de Saint-Flour sont légèrement différents. J’avais 10 ans quand Monsieur Le Supérieur ( !...), Riquet à la houppe pour les initiés, vint me voler à mes parents ad majorem gloriam dei.<br /> Il me confia à des maitres qu’on disait aussi dévoués que cultivés : Bouchareinc et Caillou, de sinistre mémoire ou le grand préposé aux baffes, La Carotte et son frère Navet, tous aussi hargneux les uns que les autres, effet probable de la promesse de célibat de leur jeunesse.<br /> J’appris vite à leur école qu’il fallait distinguer le fils bien né du fils du peuple.<br /> La Carotte était aussi préposé à l’enseignement de l’anglais, il l’inculquait à violents coups de crayon derrière la tête. Chacun avait sa méthode, si Monsieur le Supérieur tirait les cheveux, juste devant l’oreille, là où ça fait mal, Luo préférait les poings et le sang.<br /> Dois-je évoquer le jeune pion, vieux curé aujourd’hui, dont les mains baladeuses avaient une attirance particulière, le printemps venu, pour mes cuisses de gamin. <br /> Mais les meilleures brimades étaient psychologiques et Berthier en était le grand spécialiste. Berthier n’a rien à voir, mais rien du tout, avec le maréchal d’empire, (quelle inculture !) il eut à voir avec Berthe au grand pied à cause de ses tatanes «plaque-merde» qui faisait plouf plouf quand il traversait la grande salle avec son fameux tic «tête à gauche». <br /> Bède le vénérable (par pudeur je tais son surnom) était un des rares à ne pas nous apprendre la haine mais «Heureux ceux qui sont morts dans les grandes batailles… Heureux les épis mûrs et les blés moissonnés…» etc… etc… Heureux donc je fus de partir en Grande Kabylie défendre la civilisation occidentale, d’y découvrir Prévert et «les paris stupides» et aussi que «les blés ne poussent pas sur les tombeaux de ceux qui sont tombés pour que monte ou descende le cours du blé» … Ce fut un temps nouveau, riche de découvertes après le Sem, bagne de mon adolescence. <br /> J’ai mis du temps, beaucoup de temps, à m’en remettre ; alors, aujourd’hui, je peux, en toute sérénité, apprendre aux enfants de mes enfants :<br /> «Fous pas ton pied dans cette merde,<br /> C'est une vraie histoire de fou,<br /> Pas ton pied dans cette merde,<br /> Ou bien t'y passeras jusqu'au cou.»
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