Images (presque) sans paroles
"ATTENTION : premier essai d'insertion d'image"
C'est pas croyable ! Je crois que je suis enfin arrivé à insérer proprement une image pas trop grande ! C'est là un morceau de mon ermitage, pris au coeur de l'hiver 2004-2005. Quelques caractéristiques évidentes : beaucoup de neige, beaucoup de maisons fermées, peu de gens (bien couverts) pour se risquer dehors, une vraie tranquillité, quasi monacale, "loin de l'inutile tornade de l'urgence" selon une formule empruntée aux moines de l'Abbaye de Scîteaux. Je reparlerai souvent de ce merveilleux pays et de ses richesses, naturelles et humaines.
C'était là le commentaire sur le premier essai d'insertion d'une image que j'avais fait le 9 avril 2006. J'ai décidé d'en afficher de temps en temps quelques-unes, sans aucun commentaire, juste pour le plaisir des yeux et un peu de méditation sur les splendeurs, non seulement de ce Cézallier qui m'est si cher, mais de la création en général et de son corollaire logique, le contact intime avec Dieu, que je ressents ici de façon intime.
La vraie jouissance, physique ou intellectuelle, se passe toujours de paroles ! Elle se suffit à elle-même, n'a besoin d'aucun discours, et chacun à sa manière en savoure la substantifique moelle. Son intensité dépend de la capacité de chaque individu à découvrir ce qui l'entoure, et là, les inégalités entre les êtres sont illimitées !
C'est Charles BAUDELAIRE, éminent poète français du 19ème siècle, qui avait bien senti ces Correspondances qui s'enchevêtrent dans la nature :
La nature est un temple où de vivants piliers Laissent parfois sortir de confuses paroles;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles Qui l'observent avec des regards familiers.
Comme de longs échos qui de loin se confondent Dans une ténébreuse et profonde unité, Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
Ainsi en va-t-il du Cézallier, comme de bien d'autres merveilleux endroits de notre planète.
Aucune photo, évidemment, ne peut en restituer la plénitude. Il y manquera toujours cette ambiance, cette réalité des sons et des odeurs, cette totalité de l'expression de la nature, qui la rend si vivante à l'âme de ceux qui savent se laisser investir par elle... Impossible donc d'y écouter murmurer les ruisseaux, gazouiller les oiseaux, ou le vent raconter et colporter selon ses humeurs, ici dans la bise, là dans la bourrasque, les multiples gémissements des vallées et des sommets proches ou lointains, ou encore, quand les troupeaux ont retrouvé le grand air, les harmonies si particulières des "sounailles". Impossible d'y prendre dans la figure la fine douceur d'une bruine matinale de printemps , ou la force de l'écir dans ses déchaînements hivernaux. Impossible d'y sentir la merveilleuse odeur des foins fraîchement coupés ou du fumier si prompt à faire se lever l'herbe dans les prés. Impossible d'y observer un papillon vagabond, un tétard gigotant hors de son oeuf, un martinet qui tournoie rapide et précis comme un avion de chasse, ou encore un scarabée doré ou un petit escargot transparent traverser la route dans l'inconscience totale d'un écrasement possible par une semelle ou par un pneu !
Puissent les images qui suivent, en vrac et avec un court commentaire, donner un peu le désir de découvrir sur place quelques parcelles de ce Cézallier si cher à mon coeur et à mon âme, avec lequel je suis toujours en osmose absolue ! Car la nature est ici grandiose et envoûtante. Si on sait la découvrir, dans une patiente contemplation qui devient alors une forme de prière, elle se révèle pour l'âme un coffret de véritables trésors. Et c'est ainsi qu'Armand MESTRAL ne pouvait s'empêcher de crier vers le ciel, dès l'époque des premiers 78 tours, dans son Credo du paysan :
L'immensité, les cieux, les monts, la plaine, L'astre du jour qui répand sa chaleur,
Les sapins verts dont la montagne est pleine Sont ton ouvrage, ô Divin Créateur !
Humble mortel, devant l'oeuvre sublime, Ma faible voix s'élève de l'abîme, Monte vers Toi, vers Toi Dieu Tout-Puissant.
Je crois en Toi, Maître de la Nature, Semant partout la vie et la fécondité, Dieu Tout-Puissant qui fis la créature, Je crois en ta grandeur, je crois en ta bonté,
Je crois, je crois en Toi, comme en la Liberté !
Bonnes découvertes !
La nature est, sur ces hauts-plateaux, rude et changeante. Si l'on est mort de trouille à chaque fois qu'il tombe deux centimêtres de neige , alors il ne faut pas se risquer sur nos routes l'hiver, tant il est vrai que, de Toussaint à Pâques, et même parfois après, la renconte avec des flocons inattendus n'a rien d'extraordinaire. Entre ces deux dates, c'est toujours par Besse-en-Chandesse que je remonte à Marcenat les mardi et vendredi soir, ces portions étant régulièrement déneigées par les services de l'Equipement. Le secteur le plus aventureux, le plus incertain, le plus dangereux, est le fameux Pont-de-Clamouze (photo ci-dessus prise le 6 mars 2006) et les dix kilomètres qui l'entourent de part et d'autre. Si l'on ne reste pas dedans, comme ce fut pour moi le cas le 28 février 2005 à 4 heures et demie du matin, par moins seize degrés, planté sur une congère dont j'avais mal apprécié la longueur eu égard à ma vitesse d'impact... alors on sait qu'on a toutes les chances d'arriver à peu près à l'heure ! Devant la nature, même avec des millions de kilomètres à son actif, il faut toujours rester modeste : la neige et le vent, dont l'union immaculéé s'appelle ici l'écir, auront toujours le dernier mot !
L'hiver ici, c'est donc un grand bol de calme : personne dans les rues où tous les sons sont étouffés, comme pour ne pas déranger les quelques indigènes qui sont bien obliger d'y survivre ...
... mais c'est aussi une sérénité monacale dans une nature en sommeil qui libère l'esprit et transporte l'âme dans l'action de grâce à son Créateur.
Les bêtes sont aussi à l'abri des rigueurs du froid, les prés ont disparu sous des dizaines de centimètres de neige bienfaisante et le resteront très longtemps,..
(à gauche, le Florac, en février 2005)
(à droite le massif du Sancy, le 6 février 2006)
Les animaux les mieux équipés en fourrure se risqueront dehors les premiers au fur et à mesure du rallongement des jours, malgré des températures extérieures encore très basses. Le printemps n'est pas encore là !
Il viendra doucement, à petits pas, et seul un regard attentif quotidien pourra vraiment en saisir le rythme.
(à gauche, le long de la Prade le 23 février 2006 - à droite, un pré au matin du 26 février 2006)
Parfois, il en met du temps à arriver, ce printemps ! Alors on trouve l'hiver bien long, comme ce fut le cas début 2006. Mais on se dit aussi que c'est tant mieux pour la nature en général et les pâturages en particulier, tant il est vrai que la neige, et donc l'eau qui en découle, resteront toujours un des trésors essentiels, indispensables, de la vie. Plus encore que le pétrole !