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Le blog du blackbird
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  • Un peu de tout ! De l'autobiographie, et quelques pistes philosophiques et religieuses à l'adresse des jeunes et moins jeunes, tant il est vrai que cette jeunesse a été le bonheur permanent et inaltérable de ma vie de prof, maintenant à la retraite.
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14 juillet 2006

CPE post mortem

         

CPE post mortem

2006_05_08___vieil_arbre_en_attente_de_nouvelles_feuilles

          Le problème du CPE nous a fait connaître des semaines particulièrement agitées. Il a revelé plusieurs maux de notre belle société, à commencer par l'angoisse (à juste titre) des jeunes devant l'avenir, et aussi la réalité du monde politique et syndical. Ce projet est maintenant mort, mort de l'incompréhension des uns, mort de l'exploitation honteuse de la jeunesse par les autres. Avec le recul nécessaire, mon opinion à son sujet n'a pas changé : je continue de penser qu'il aurait mérité qu'on en fît l'essai, parce que je crois sincèrement qu'au bout du compte il aurait été une chance véritable pour beaucoup de jeunes, avec des couvertures financières qu'ils n'ont encore jamais eues, et que les plus sérieux d'entre eux auraient tiré leur épingle du jeu. Mais on a su leur faire croire qu'on allait les "entuber", et ainsi ils débouchent une fois de plus sur ... rien ! Vive les syndicalistes qui savent si bien faire leur carrière à n'importe quel prix, vive les politiques qui s'accrochent si bien à la leur que les reculades leur sont devenues chez eux une seconde nature ! C'est sans doute ce qu'on peut appeler "la France gagnante de demain" !!

                    Une jeunesse "couillonnée" par les politiques

       2006_05_08___flore_de_printemps_v4                                Ce n'est pas vraiment nouveau ! D'abord ce n'est pas très difficile de pousser des étudiants ou des lycéens dans la rue. Les premières heures, les premiers jours, c'est une évasion des salles de classe, - surtout pour ceux qui sont par nature plus tournés vers l'extérieur des grilles que vers les cours qu'on leur impose, pour leur bien évidemment, leur dit-on ! - ça peut même être marrant pendant quelque temps, et puis ça donne de l'importance : on paraît dans les journaux, on passe à la télé, parfois même on donne des interviews. Génial ! Et puis, au bout de quelques jours, quand on commence à comprendre qu'on perd son temps, peut-être même qu'on va perdre tout le travail d'une année, on commence à avoir envie de retourner travailler. Et là, on en est empêché par des pressions diverses, par des groupes plus têtus et plus fanatiques parce qu'ils sont, sans le dire, des engagés politiques. Lorsque les Cohn-Bendit, Devaquet, Geismar (qu'on me pardonne les éventuelles erreurs d'orthographe) et autres meneurs de mai 68 étaient à la tête des cortèges , on pouvait penser, avec candeur, qu'ils agissaient pour la cause étudiante. Des clous ! Ils entamaient une carrière politique, bien ciblée, bien encadrée par leurs différentes familles politiques, et aujourd'hui on les retrouve souvent à des postes éminents de cette même classe politique. C'est pareil aujourd'hui ! Le garçon au visage si sympathique à la tête de l'UNEF que l'on voit et revoit dans les images télévisées commence une carrière politique, comme sa maman, et comme les amis politiques de sa maman. D'ailleurs, il est aujourd'hui parfaitement "lancé" puisqu'on le retrouve dans différentes réunions syndicales ou politiques. Je ne doute pas qu'il puisse dire un grand merci à notre Gouvernement qui lui a offert avec le CPE l'occasion de se faire valoir. C'est ça la réalité du monde politique : quelque soit le côté de la route que l'on choisit, on l'emprunte souvent de père en fils ! On sait qu'en France, les syndicats (qui dans les faits représentent très peu de salariés) sont d'abord des courroies de transmission des idéologies politiques, plus que des défenseurs des travailleurs. Dans beaucoup de catégories, particulièrement chez les fonctionnaires, ils se battent pour la défense des avantages acquis, autant dire dans le monde difficile d'aujourd'hui, pour défendre des privilèges. Et en ce jour du 14 juillet - qu'il serait politiquement incorrect de ne pas considérer comme une fête nationale - on peut s'interroger sur la réalité, voire, pourquoi pas, le partage, de tous ces nouveaux privilèges.

          Je ne peux pas toujours pas m'empêcher de penser, en ayant observé vociférer tous ces jeunes poussés dans le vide des efforts de pensée par soi-même, à ce vieux personnage du "Pantagruel" de Rabelais, maître dans l'art de l'intelligence cynique et de la ruse, et qui pour se venger  d'un marchand exploita l'instinct grégaire des moutons. Pananurge, qu'il s'appelait ! Le troupeau de nos jeunes - qui me sont si chers - n'est-il pas en train de sa balancer inconsciemment dans le vide ? Puisse Dieu les aider, tous, à ne pas avoir à affronter de trop grandes désillusions.

Travail et précarité

       troupeau_du_bel_air___2006_05_08                                  Précarité ! Un des maîtres-mots de ce mouvement anti CPE. Je revois encore cette jeune fille affirmer d'un ton péremptoire : "Nous ne voulons pas d'emploi précaire !"... ou encore ce vieux salarié, affirmant avec la même sincère conviction : "Nous sous sommes battus pour des progrès sociaux, nous avons des acquis, il n'est pas question de les perdre !". Ces points de vue sont éminement respectables... mais ils démontrent une illusion redoutable sur les réalités économiques du monde actuel.

          Il me semble que dans toute l'histoire des hommes, et dans tous les pays - tout au moins ceux qui n'étaient pas des dictatures - la possibilité de trouver du travail dépendait, et avant tout, des possibilités d'emplois offertes par les uns ou les autres... aujourd'hui nous dirions globalement par les entreprises. Comme l'emploi ne dépend pas de celui qui veut travailler, il est totalement illusoire de croire que l'on peut trouver comme ça, en levant le petit doigt, parce qu'on a un gentil sourire ou de bons diplômes, le travail que l'on veut ! C'est une redoutable illusion, qui en conduira plus d'un à la déception ! Les jeunes,- et ce n'est pas leur faute car dans leur grande majorité ils ont été élevés dans un monde sans difficulté pour eux, où ils sont devenus blasés de tout et incapables d'ouvrir les yeux sur d'autres réalités que celles de leurs propres satisfactions matérielles ou de leur jouissance immédiate - sont incapables de comprendre que ce n'est pas au monde du travail de s'adapter à eux, mais à eux de s'adapter au nouveau monde du travail ! C'est là une réalité évidente, incontournable.

          Et le monde du travail a complètement changé, non seulement à cause des évolutions technologiques qui suppriment partout des milliers d'emplois, mais aussi avec l'ouverture des frontières et des échanges à la dimension du monde qui font que les entreprises n'hésitent pas changer de pays si la main d'oeuvre y est moins chère ou les développements moins entravés par des règlements et des charges de tous ordres. Sans parler du système même de financements et de fonctionnement des banques et des grandes entreprises, basé sur l'unique notion de profit, de résultats financiers, de rentabilité, au détriment de milliers et de milliers de travailleurs que l'on n'hésite pas à jeter sans se formaliser de leur sort. C'est ça la réalité du monde économique d'aujourd'hui, et elle fait honte !

          Alors, jeunes de mon coeur, ne soyez ni dupes de ce qu'on vous raconte, ni pour autant désespérés ! Ne soyez pas dupes ! Ne vous méprenez pas sur les discours mensongers de ceux qui prétendent se battre pour vous alors qu'ils ne servent que leurs propres intérêts. Faites en toute liberté ce que vous pensez devoir faire au fond de vous même, ce que vous pensez être le mieux pour vous. Gardez toujours votre liberté de penser et d'action, ce qui ne sera pas si facile que ça, car il est toujours plus facile de faire partie des masses, des collectifs pour reprendre un mot à la mode, que de garder sa personnalité et son indépendance ! Votre vie doit être un engagement voulu, et pourquoi pas, moins tourné vers vous-même que vers celles ou ceux qui seront les plus fragiles ! Et là, croyez-moi, dans les années à venir, il y aura de l'embaûche ! Ne soyez pas non plus désespérés ! Car il y aura, heureusement, des tas de possibilités de réussir votre vie ! A commencer par ne pas détruire votre santé et votre corps avec ces deux grandes merdes qui n'existaient pas à mon époque : la drogue d'une part, qui vous conduira peu à peu dans une sorte d'enfer, et la sexualité précoce et débridée d'autre part, dont on sait à l'école vous parler des mécanismes physiques, mais qu'il ne faut pas confondre avec l'amour vrai (mais c'est un autre sujet, à développer peut-être un autre jour). Faites vos études le mieux possible, ça peut toujours servir, mais ne vous découragez pas si ça ne marche pas fort : votre application à faire les choses, votre respect envers les autres, votre tendresse, votre gentillesse, votre sens des relations humaines, en un mot votre personnalité, saine, équilibrée, solide, efficace, disponible, fera sans doute plus pour vous dans votre avenir que la qualité de vos diplômes ! Elle vous ouvrira en tous cas plus de possibilités d'orienter et de réussir votre vie, la notion de réussite d'une vie ne se résumant pas, loin de là, à des aspects strictement financiers.

vue_g_n_rale___2006_05_06_v2

Et si on parlait SOLIDARITE.... vraie !

     On fête en ce moment les 60 ans de la parution du "Petit Prince" d'Antoine de SAINT-EXUPERY. On trouve dans ce petit ouvrage une des plus belles phrases de toute la littérature : "On ne voit bien qu'avec le coeur, l'essentiel est invisible pour les yeux". C'est fou comme on parle aujourd'hui de solidarité, et d'ailleurs, dans ce domaine, que de gens merveilleux se consacrent, dans des associations très diverses, à attenuer bénévolement la misère d'un nombre de plus en plus important de démunis ! C'est discret, permanent, et ça ne fait pas la Une des journaux (sauf à l'occasion de certaines journées). Qu'is soient croyants ou athées, ces bénévoles, merveilleux encore une fois, me font immanquablement penser à cette parole de Jésus dans l'Evangile : "Ce que vous aurez fait au plus petit d'entre les miens, c'est à moi que vous l'aurez fait." C'est du concret, et pas seulement du discours. C'est comme pour saint Martin, évêque de Tours du 4ème siècle, bien connu pour avoir partagé son manteau, alors qu'il était soldat, avec un pauvre. Pourquoi ne pas faire de même en matière de solidarité avec les jeunes, slogan que l'on a entendu souvent ces derniers jours dans la bouche de vociférants de tous bords ?

          Je suis persuadé que les caisses de notre Etat sont de plus en plus vides, et qu'il ne peut plus y avoir, dans la Fonction Publique, de recrutement à hauteur des besoins. J'ai une idée de solidarité avec les jeunes qui aurait le mérite d'être du concret et pas seulement du discours. Je ne parle bien sûr que pour mon secteur, celui des enseignants, en partant d'un constat simple : compte tenu de la réalité du marché actuel de l'emploi, il faut bien admettre que nous sommes des privilégiés, avec l'assurance de notre salaire en fin de mois et beaucoup de vacances (bien méritées, évidemment !). Pour nos enfants et nos petits-enfants, n'aurions-nous pas le devoir de partager un peu de nos avantages au lieu de les laisser sombrer dans la précarité et ses conséquences logiques, la misère et la délinquance ? J'aurais tendance à proposer ceci, et ceux qui me connaissent savent que ce n'est pas d'aujourd'hui. Pourquoi ne pas réduire de 10% tous les salaires de professeurs pour la partie excédant par exemple 1500 euros par mois ? Pourquoi ne pas intégrer comme normal dans le métier de professeur l'obligation, par exemple, de faire passer les examens le moment venu sans avoir à les payer en plus pour cela ? Pourquoi ne pas supprimer les indemnités de type professeur principal, etc... tout enseignant digne de ce nom pouvant être heureux de rendre bénévolement ce service à ses élèves ? Quand on sait ce que coûtent les examens et concours en vacations, frais de correction... et autres (je ne parle pas évidemment des frais de déplacement ou d'hébergement, dont il est tout à fait normal qu'ils soient défrayés), que de millions et de millions d'euros seraient ainsi récupérés, pas pour rien évidemment, mais pour embaucher de jeunes enseignants, et non des contractuels ! Si l'Etat prenait l'engagement que tout l'argent récupéré serait intégralement affecté au recrutement de jeunes, ça vaudrait quand même la peine de l'envisager, et je signerais pour ma part tout de suite une pétition syndicale qui irait dans ce sens ! Car c'est trop facile de hurler pour l'embauche alors que ce sont les autres qui doivent la financer La vraie solidarité, c'est celle-là, c'est celle du partage de ses privilèges, pour un temps tout au moins parce que ça aurait aussi ses limites. Et si toutes les catégories privilégiées dans un secteur ou un autre avaient la même démarche, que de jeunes retrouveraient le sourire, et l'économie se porterait mieux parce plus de gens auraient du pouvoir d'achat.

          Dans un monde où il y a de moins en moins de travail pour tout le monde, certains avantages acquis sont devenus des privilèges exhorbitants, à en avoir honte devant la masse de plus en plus grande de celles et de ceux qui crêvent sur le bord du trottoir. La révolution française de 1789, qui a en fait été un massacre sanglant, n'a jamais conduit, malgré ce qu'on nous en dit, ni à la liberté, ni à l'égalité, ni à la fraternité. Dans ces trois domaines, c'est même de pire en pire. Peut-être serait-il temps de revenir aux vraies valeurs humaines que sont la charité et le partage.... de l'Evangile !

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